Un demi-million d’euros en rafraîchissements, rien que pour l’OTAN

Le gouvernement belge sait manifestement recevoir.

En vue d’une réception dans les locaux des Musées royaux d’Art et d’Histoire du Cinquantenaire lors du sommet de l’OTAN de juillet dernier, des travaux de réfection avaient été commandités en urgence.

Interrogé en Commission des Finances et du Budget à la Chambre, le ministre de l’Intérieur Jan Jambon (N-VA) a précisé que le budget de ce rafraîchissement exécuté « dans le cadre de cet événement » par la Régie des Bâtiments s’élevait à 544.500 euros.

« Un demi-million a effectivement été libéré rapidement juste pour le prestige d’une soirée », a regretté la députée fédérale Karine Lalieux (PS).

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Pour la diplomatie politico-militaire, le gouvernement belge ne met pas les petits plâtres dans les grands événements…

 

Cryptomonnaies: «Les politiciens doivent s’adapter à la réalité»

Extrait de «Québec déroule le tapis rouge pour Bitmain»

Malgré la levée officielle et imminente du moratoire sur les entreprises cryptographiques au Québec, le climat actuel demeure peu propice pour le développement du secteur dans la province. Une situation préjudiciable pour plus d’un intervenant de ce nouvel écosystème très diversifié.

Car, contrairement à ce que laisseraient encore penser certains mandataires ou économistes, le domaine de la blockchain et des cryptomonnaies ne réunit pas que des trafiquants de drogue, des proxénètes et des charognards financiers.

«Nous soutenons les efforts d’innovation technologique de nos clients. Le Québec a tout pour être une juridiction à la pointe de cette industrie prometteuse», insiste en entrevue Daniel Rafuse, directeur des opérations de la montréalaise GPU.one, une espèce de «data center pour data center» spécialisée en processeurs graphiques, qui propose des services d’hébergement de systèmes pour d’autres sociétés à haute densité de données.

Ancien président du Tribunal de la Sécurité Sociale du Canada, Daniel Rafuse plaide en faveur d’un «accès raisonnable» aux tarifs d’électricité les plus avantageux d’Amérique du Nord pour les acteurs de la crypto.

« Il faut désormais de la stabilité et de la cohérence politiques »

«Le moratoire a freiné la mise en place d’ambitieux projets. Afin de restaurer la confiance et relancer le développement économique, il faut désormais de la stabilité et de la cohérence politiques», recommande-t-il simplement.

Surtout qu’en sa qualité de cadre d’entreprise, Daniel Rafuse est souvent amené à rencontrer diverses instances politiques et constate que l’appui des municipalités est bien plus conséquent que le traitement administré au niveau provincial.

«Comment sensibiliser au mieux les décideurs», s’interroge le directeur des opérations de GPU.one, «afin qu’ils appliquent des mesures pondérées et compréhensibles. Ce n’est pas clair d’aller d’un côté subventionner les alumineries, particulièrement polluantes, et de l’autre augmenter les tarifs d’électricité pour des entreprises créatrices de valeur».

Lui qui était dans une autre vie l’un des plus jeunes juges de tribunal administratif au Canada ne conçoit pas pourquoi le gouvernement Couillard manque à ce point d’attention sur ce dossier.

«Les politiciens doivent s’adapter à la réalité économique et ne pas décourager l’entrepreneuriat ou l’emploi au Québec. Sinon, tout ça partira au Saskatchewan ou en Alberta», estime Daniel Rafuse, «ce serait illogique de perdre notre avantage compétitif».

Et il ne s’agit pas d’un appel à la mobilisation isolé, provenant d’un commercial défendant bec et ongle son gagne-pain. Les stratégistes internationaux vous le répèteront: impossible d’arrêter la révolution technologique, raison impérieuse pour instaurer des mesures qui aident à en tirer pleinement les bienfaits et à en atténuer les perturbations.

«La réponse ne réside pas dans le déni mais dans l’élaboration de politiques intelligentes. La clé est de se concentrer sur les politiques qui répondent aux changements organisationnels entraînés par la révolution numérique», écrit d’ailleurs Martin Mühleisen, directeur du département de stratégie du Fonds monétaire international, dans l’édition de juin 2018 du magazine institutionnel Finance & Développement.

À quelques encablures des élections générales provinciales, des voix s’élèvent pour que les cryptomonnaies deviennent un enjeu politique à part entière. «Ou à tout le moins un sujet dans la campagne électorale», nous partageait le premier pétitionnaire du Québec à s’opposer aux monnaies d’internet.

À l’heure où, tout autour de la planète, on s’interroge sur la meilleure façon d’apprivoiser la crypto, les décideurs politiques se voient offrir une chance inouïe de marquer l’histoire. Par leur sagacité ou leur médiocrité. Les tentatives laborieuses de dompter, fiscalement ou juridiquement, les Google-Amazon-Facebook-Apple de ce monde devraient nous inspirer plus de créativité et de proactivité.

Avec un terroir riche en cerveaux comme le nôtre, abreuvé d’une hydroélectricité tout aussi abondante, imaginons que succèdent aux géants du web américains et chinois, les Québécois.

Après tout, si certains pensent rejoindre la Lune à dos de bitcoin, pourquoi pas?

Extrait de «Québec déroule le tapis rouge pour Bitmain»

Ces Nobel qui vomissent le bitcoin

Extrait de «Les cryptomonnaies ne menacent pas le monde financier»

Il règne un dénigrement ambiant envers le bitcoin chez les penseurs de l’économie. Les grosses têtes financières se bousculent pour cracher sur cet argent alternatif. Et c’est à celui qui décochera l’humeur la moins reluisante. Prix Nobel inclus.

Jean Tirole (Nobel 2014) avait partagé tout son scepticisme dans une colonne du FT pour insister sur le manque total de valeur du bitcoin, sociale et financière. Un rêve de libertarien donnant la migraine aux pouvoirs publics, concluait-il.

Le même jour face aux caméras de Bloomberg, Joseph Stiglitz (Nobel 2001) avait lui plaidé l’interdiction du bitcoin, qui ne sert qu’à contourner les autorités et tire son prix délirant d’espoirs infondés. Tout en prenant soin de défendre l’outil transactionnel pouvant nous permettre d’avancer dans une économie numérique sans papier.

Petite parenthèse nord-américaine, lors de son dernier discours de l’année, même le gouverneur de la Banque du Canada a confié que les devises numériques l’empêchaient de dormir la nuit. «Acheter ces instruments, c’est acquérir des risques, ce qui revient à dire qu’investir dans ces instruments s’apparente davantage à un jeu d’argent», a tranché Stephen Poloz.

Une rhétorique d’opposition nettement moins théâtrale que «Bitcoin est le Diable», l’édito signé dans le New York Times il y a quatre ans par Paul Krugman (autre Prix Nobel, de 2008), à une époque où l’ancêtre des cryptomonnaies s’échangeait contre 720 $US (eh oui, 24 fois moins que le cours actuel!). 

Extrait de «Les cryptomonnaies ne menacent pas le monde financier»

Ajoutons à la liste de ce club des sceptiques Robert J. Shiller, lauréat du prix Nobel d’économie de 2013, professeur  à Yale et co-créateur de l’indice Case-Shiller des prix de l’immobilier résidentiel aux États-Unis.

Dans une tribune signée pour Project Syndicate ce 21 mai 2018, que nous traduirons librement en «vieilles recettes d’une nouvelle monnaie», il estime que pratiquement personne ne peut expliquer comment fonctionnent les cryptomonnaies en dehors des départements d’informatique.

«Ce mystère crée une aura d’exclusivité, rend glamour l’argent et remplit les dévots d’un zèle révolutionnaire. Rien de tout cela n’est nouveau et, comme avec les innovations monétaires passées, une histoire apparemment convaincante peut ne pas suffire», sanctionne Robert J. Shiller avant de se lancer dans un argumentaire-inventaire.